Qui suis-je?

De ma naissance, je ne sais que ce qu’on m’a raconté : les premiers jours dans un appartement provisoire situé au-dessus d’un manège équestre, les effluves de crottins, les cartons entassés prêts à être déplacés. Ces détails auraient pu tomber dans l’oubli. Heureusement, on me les a rapportés.

J’ai connu une enfance mouvementée à l’étranger, jusqu’au lycée. Le retour en France était en fait un autre voyage et sa langue, un nouvel émerveillement. J’ai entamé des études de Littérature comparée quand les effluves ont ressurgi, et avec eux, le besoin de cavalcade.

Du jour au lendemain, j’ai posé mes valises dans une écurie de dressage pour apprendre le métier de cavalière. J’ai trimé pour m’armer de courage, de persévérance et de rigueur. Mais ce que les chevaux m’ont véritablement enseigné — je l’ai compris plus tard — était une capacité d’écoute sensible et active, foulée après foulée, mot après mot. J’aspirais à un autre métier.

J’ai donc repris mes études, écrit un mémoire sur l’enfance et le mythe de l’ogre puis intégré l’école de journalisme du Celsa. Une fois diplômée, j’ai sillonné l’Hexagone et les différentes rédactions de France 3, découvrant chaque jour de nouvelles villes, de nouvelles campagnes, des histoires à n’en plus finir et des vies toutes aussi passionnantes les unes que les autres. C’est d’ailleurs au détour d’un reportage en milieu hospitalier que j’ai découvert le métier de biographe. La graine avait été semée.

Après sept ans de reportages quotidiens, je devais réinventer mon écriture et ma vision du récit. Quoi de mieux qu’un nouveau départ pour se redécouvrir ? J’ai choisi Berlin ! J’ai écrit, beaucoup, j’ai rencontré l’amour, et j’ai surtout donné naissance à une petite fille. En rédigeant le journal de cette nouvelle vie, cela m’a alors sauté aux yeux : l’importance des temps fondateurs, du récit qu’on laisse derrière soi et des détails qu’il ne faut surtout pas perdre. Mon envie s’est concrétisée. Je voulais être écrivain biographe pour tous ceux qui souhaitent se remémorer et pour ceux qui ne veulent pas oublier.

Il était enfin temps de s’ancrer, de s’enraciner avec la famille. Dans la campagne bretonne, nous avons planté des arbres, de la vigne et un grand potager. Chaque jour, j’observe ces plantes qui prennent vie, de manière rectiligne, hasardeuse ou avortée et je me fascine pour leur trajectoire particulière et parfois improbable. Il n’y a aucun doute, j’aime l’idée du parcours, le récit de la graine qui germe, l’image de la tige qui demeure, peu importe les aléas, les obstacles et les sorties de route. Si les effluves remontent toujours à ma fenêtre, je voyage, désormais, à travers vos histoires et vos parcours de vie, uniques.

Maylis Chauvin est biographe, rédactrice et correctrice en Bretagne

• Formation de Correctrice- Relectrice (EMI)

• Master 2 de Journalisme

• Master 1 de Littérature Comparée

• Je suis membre et je respecte la charte du Groupement des Écrivains-Conseils®